Soutenance de thèse : «Le travail curriculaire des enseignants en éducation physique : du travail prescrit au travail réel»

  • Mardi 28 novembre 2017 à 10 h
  • Université de Montréal - Pavillon Marie-Victorin D-427

Conférencière/Conférencier

Description

Dans cette recherche de doctorat, nous analysons le « travail curriculaire » des enseignants en éducation physique. Le travail curriculaire est l’ensemble des processus d’interprétation, d’adaptation et de transformation du curriculum prescrit par les enseignants pour le rendre enseignable aux élèves (Tardif et Lessard, 1999). En 2012, il y a eu la mise en œuvre du curriculum municipal d’éducation physique (CMÉP) pour les écoles municipales de Cuiabá (Moreira, 2012), dans l’État du Mato Grosso, au Brésil. Cependant, on en savait très peu sur comment les enseignants l’intègrent à leurs enseignements en salle de classe. En ce sens, notre question de recherche est : comment les enseignants interprètent-ils et transforment-ils le curriculum prescrit en salle de classe? Autrement dit, comment réalisent-ils le travail curriculaire? Concernant notre cadre théorique, il s’appuie sur la sociologie du travail enseignant et sur l’ergonomie française, plus particulièrement sur l’approche de la clinique de l’activité. Notre recherche est mixte, mais avec un accent plus fort placé sur la perspective qualitative. En outre, l’étude peut être classifiée comme une recherche-intervention selon l’approche historico-développementale. Dans la première phase, nous avons administré un questionnaire à 73 enseignants pour connaître leurs perceptions à l’égard du CMÉP et du programme de formation continue qui a été offert pour appuyer l’implantation du curriculum. Dans la deuxième phase, nous avons mené une étude multi-cas avec quatre enseignants, trois femmes et un homme, dont deux étaient novices (E1 et E2) et deux étaient expérimentés (E3 et E4). Nous avons consulté des documents (le curriculum prescrit, les projets pédagogiques des écoles, les planifications des enseignants) et nous avons fait des entrevues semi-dirigées au début de la recherche et à la fin de l’année scolaire 2015. De plus, nous avons observé et tourné des vidéos de leurs leçons pendant une période de deux mois. Ensuite, nous avons appliqué la méthode de l’autoconfrontation simple et croisée (Clot, 2008), où nous avons pu à accéder aux points de vue sur les activités en salle de classe des enseignants participants à l’étude multi-cas. Parmi les principaux résultats de notre recherche, nous pouvons souligner que : concernant la perception générale positive du CMÉP, 82,19% des enseignants trouvent qu’il est avantageux d’enseigner conformément au CMÉP. Par rapport à l’usage du CMÉP, presque 80% des enseignants utilisent toujours ou presque toujours ce curriculum pour faire leurs planifications annuelles, 76,72% en font l’usage pour planifier leurs séances, et 72,61% l’utilisent en l’adaptant. En ce qui a trait aux aspects qui entravent l’implantation du CMÉP, le manque de matériel pédagogique (41,1%) et les installations inadéquates (34,25%) sont les facteurs qui empêchent le plus la mise en œuvre du curriculum. Par rapport à la formation continue, 74% des enseignants estiment qu’elle offre l’appui suffisant pour l’implantation du CMÉP et qu’elle a été fonctionnelle pour presque 90% des enseignants. Par rapport aux résultats de l’étude multi-cas, nous soulignons que : les enseignants utilisent le CMÉP pour faire leurs planifications annuelles, à moyen ou court termes, mais ils l’interprètent, l’adaptent et le transforment lors de l’enseignement en classe avec leurs élèves, chacun à sa façon et selon leurs connaissances de la matière, du curriculum et des élèves, des ressources et des espaces disponibles, mais en les transformant et en les adaptant aussi. En bref, les facteurs contextuels et personnels du travail curriculaire influent sur cette adaptation du curriculum. De plus, notre étude a montré que les enseignants sont des interprètes, acteurs, auteurs et constructeurs du curriculum d’éducation physique enseigné en classe et que les élèves sont co-auteurs des leçons avec leurs enseignants.