Revues scientifiques

Canadian Journal of Education / Revue canadienne de l’éducation, 41(4) 2018

Le premier article de ce nouveau numéro de la Revue canadienne de l’éducation concerne l’étude de Katherine Lacroix, Alexa Martin-Storey, Michèle Déry, Jean-Pascal Lemelin et Caroline Temcheff qui s’intéresse à une problématique fort pertinente et novatrice, à savoir l’effet potentiel de la composition et de l’organisation sociale d’un quartier résidentiel sur le rendement scolaire d’adolescents scolarisés au Québec. À partir d’une étude plus large menée de 2008 à 2010, à travers huit commissions scolaires de quatre régions du Québec, les auteurs ont sélectionné 630 élèves, dont 368 présentaient des troubles du comportement extériorisés (garçons et filles). Différentes variables ont été mesurées : rendement scolaire, caractéristiques du quartier, problèmes de comportement extériorisés. À partir d’analyses statistiques réalisées, les résultats montrent que le désordre physique et social du quartier joue un rôle quant à certains aspects du rendement scolaire, indépendamment des caractéristiques familiales et individuelles des adolescents. Le statut économique serait également à prendre en compte. Les auteurs suggèrent, entre autres, qu’il serait intéressant, en collaboration avec les organismes de quartier de ces élèves, de mettre en place une activité sociale les impliquant (ex. nettoyage du quartier), pour favoriser un meilleur rendement scolaire.

Le deuxième texte proposé par Kristel Tardif-Grenier, Isabelle Archambault, Vicky Lafantaisie, Marie-Odile Magnan, avec la collaboration de Roula Baradhy, s’intéresse aux représentations d’administrateurs scolaires (n=11 soit cinq directeurs et six adjoints), dans cinq écoles primaires montréalaises à forte densité ethnolinguistique (70% de la population scolaire), au regard de la collaboration école-famille. Pour ce faire, les chercheures ont mené des entrevues semi-dirigées, avec les administrateurs, et un questionnaire a été remis aux parents (n=884) visant à renseigner sur leur implication dans le milieu scolaire et sur leurs caractéristiques sociodémographiques. À la suite d’une analyse de contenus thématique réalisée, les auteures ont fait émerger l’existence d’un certain nombre de renforçateurs de collaboration (ex. : connaissances des conditions de vie des familles, pratiques familiales culturelles différenciées, etc.), mais aussi d’obstacles (ex. violence familiale, conditions de vie difficiles, types de pratiques parentales) qui permettent d’apporter un éclairage sur ce qui favorise ou freine la collaboration école-famille. Bien évidemment, comme le soulignent les auteures, des recherches de plus grande envergure devront être menées pour confirmer ou infirmer ces résultats afin de dresser un portrait plus juste de cette problématique.

Enfin, le troisième article, rédigé par Sylvie Blain, Martine Cavanagh et Laurent Cammarata, s’intéresse à l’enseignement de l’écriture et, plus particulièrement, au défi qu’il constitue en milieu francophone minoritaire. Les auteurs nous proposent une réflexion théorique sur le savoir-écrire et sur la motivation à écrire. Plus précisément, les auteurs souhaitent répondre aux questions suivantes : comment motiver les jeunes à écrire dans le contexte scolaire ? Comment tenir compte de l’insécurité linguistique ? Comment les amener à écrire plus souvent ? Comment rétroagir aux textes et corriger les erreurs ? Bien évidemment, autour de ces questions gravitent le milieu anglo-dominant, l’insécurité linguistique et les différentes variables motivationnelles propres à Viau (1999) : sentiment de compétence, valeur de la tâche, contrôlabilité, etc. Pour appuyer leur réflexion, les chercheurs proposent un certain nombre de recommandations telles que la reconnaissance de la langue vernaculaire, à savoir ne pas mettre seulement l’accent sur le français normé, mais bien autoriser les élèves à utiliser leur répertoire langagier. Les auteurs proposent aussi l’utilisation d’un portfolio et de périodes d’écriture libre qui suscitent l’envie d’écrire chez les élèves, l’exploitation des technologies, bref, une kyrielle de moyens qui donnent à la fois le plaisir d’écrire, qui exploitent la langue des élèves tout en passant par un apprentissage rigoureux du français.

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