Revues scientifiques

ANAE, 29(150) 2017

Faire le point sur les différentes modalités de scolarisation des élèves autistes dans les pays francophones, en France, en Belgique, au Québec, au Canada ou en Suisse romande, et comparer les pratiques en prenant comme repère et point de mire cette « école inclusive » dont il est beaucoup question aujourd’hui.

D’où ces questions : jusqu’où et selon quelles modalités ces différents pays s’engagent dans ce qu’il faut considérer moins comme un objectif à atteindre que comme un processus sans fin et un défi permanent ? Dans ce dossier nous explorons les différentes dimensions de l’inclusion scolaire, que ce soit la dimension politique qui s’appuie sur les textes légaux et réglementaires de chaque pays, la dimension philosophique et éthique de ce nouveau paradigme, sans oublier la dimension pédagogique sans laquelle ce processus inclusif ne saurait aboutir. Rappelons que sur le plan international cette option d’inclusion a été prise en 1990 à Jomtien en Thaïlande, lors d’une conférence mondiale sur « l’Éducation pour tous ». Elle ne concerne pas seulement les situations de handicap (et en particulier l’autisme), mais vise tous les enfants et adolescents ainsi que toutes les différences, même si de nos jours elle tend à s’appliquer surtout dans le champ du handicap. 

Nous gardons aussi en mémoire la déclaration de Salamanque de 1994. Elle affirme que :« Les écoles inclusives doivent reconnaître et prendre en compte la diversité des besoins de leurs élèves, s’adapter à des styles et à des rythmes d’apprentissage différents et assurer une éducation de qualité grâce à des plans d’études, une organisation scolaire et une utilisation des ressources adaptées, ainsi qu’à un partenariat avec la communauté ». 

Dans ce dossier nous avons donc choisi de donner la parole à la fois à des chercheurs intéressés par cette question de la scolarisation, mais aussi à des professionnels de terrain, notamment des enseignants, car comment parler de la scolarisation sans donner la parole aux professionnels concernés ? Ceux qui ont été sollicités sont plutôt engagés dans le processus inclusif. Nous leur avons demandé de témoigner de leur expérience. Nous avons également recueilli le témoignage de la responsable d’une association belge de parents.

L’ensemble de ces contributions donne un aperçu de la situation actuelle de la scolarisation de ces élèves dans les pays francophones et un peu au-delà avec le Canada. On découvre que la situation n’est pas forcément meilleure en dehors de nos frontières. Mais plusieurs pistes se dessinent, notamment mettre sous la responsabilité du ministère de l’Éducation nationale tous les enfants présentant un handicap, et accorder plus d’importance à la scolarisation, même lorsqu’elle se développe en dehors du milieu ordinaire. Il est intéressant de constater que c’est dans les régions du Canada où l’on s’est affranchi de l’approche dite « catégorielle » que l’inclusion scolaire est la plus développée. Et si ce qui entrave les pays francophones pour être plus inclusifs était cette approche catégorielle et médicale, exclusivement centrée sur le handicap et les diagnostics, qui incite au développement de dispositifs spécifiques ? 

 

Il serait temps en France de sortir de cette approche médicale et catégorielle et de s’engager dans une désinstitutionalisation progressive, comme cela est prôné par le Conseil de l’Europe depuis 2010 ? Par ailleurs tant que l’on ne s’engagera pas dans une réforme du fonctionnement du système scolaire dans sa globalité, la situation évoluera peu, car le fonctionnement actuel de ce système avec ses programmes, ses normes et ses modes d’évaluation représente un obstacle de taille à l’inclusion. Il conviendrait de le modifier pour le rendre capable de répondre à un plus grand nombre de difficultés, si ce n’est à toutes, en permettant à chacun d’apprendre à son rythme… Tant que l’on restera centré sur le handicap et les procédures pour l’accueillir davantage, on pratiquera ce que certains appellent une « intégration poussée », sans toucher au milieu d’accueil qui continuera à être ce qu’il est, un milieu souvent enclin à ne pas prendre en compte les différences de tous les élèves et pas seulement celles liées au handicap.

 Si l’on souhaite que l’inclusion scolaire ne soit pas seulement comme le dit Charles Gardou « une danse avec les mots », il ne faut pas seulement viser l’inclusion scolaire des élèves en situation de handicap, mais transformer l’école pour qu’elle devienne inclusive en accueillant et en prenant en compte « toutes » les différences. (Sommaire ci-dessous et présentation complète en pièce jointe)

 

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